Je vous propose d’inaugurer la série des témoignages d’étudiants sur la sélection en master de psychologie avec le témoignage d’une étudiante qui va intégrer à la rentrée un Master de psychologie du développement. Elle a très gentiment accepté de revenir sur son parcours. On espère que vous y trouverez des conseils pour la préparation de vos dossiers de sélection.
Surtout, entraidez-vous ! Ce n’est pas parce que vous ne donnez pas vos cours à une personne que vous aurez plus de chance d’être pris en Master.
Est-ce que tu peux te présenter et nous dire comment se sont passées ta licence 1 et licence 2 ?
J’ai 21 ans et j’ai souhaité intégrer une licence de psychologie car je voulais devenir professeur des écoles (Master métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation MEEF suite à la licence de psychologie). Ma Licence 1 s’est bien passée même si elle a engendré beaucoup de stress par rapport à ce qui était attendu de nous aux partiels (très flou) et car nous avions des cours dans une autre ville. Ma licence 2 en revanche s’est déroulée sans encombre !
Est-ce que pendant ces années-là tu avais déjà en tête de préparer la sélection ?
Dès la fin de ma L1 je savais que je souhaitais poursuivre en Master de psychologie, j’ai commencé à me renseigner sur les procédures de sélection et j’ai réfléchi à comment gonfler mon dossier au maximum n’ayant qu’une moyenne générale « moyenne » (12,5). Je me suis aussi renseignée sur les options qu’il était possible de prendre en L3, lesquelles m’intéressaient le plus et étaient le plus en accord avec mon projet professionnel et de Master. Si j’ai un conseil à donner c’est de se renseigner le plus tôt possible sur la sélection pour savoir à quoi s’attendre, construire un projet cohérent (j’ai vu beaucoup de personnes se voir refuser leur place en Master pour « manque de cohérence dans le projet professionnel) et ainsi voir comment il est possible de gonfler son dossier !
Comment s’est passée ta L3 ?
Ma L3 s’est très bien passée, j’ai eu des notes moyennes au S5 (12,5) et j’ai eu la chance de trouver un stage très rapidement dans le domaine qui m’intéressait. J’ai donc fait mon emploi du temps en fonction de mon stage et des matières qui m’intéressaient, dirigées par les responsables du Master que je visais. J’ai fait mon stage obligatoire de L3 dans une structure accueillant des adultes en situation de handicap. Mon stage a duré 80h, le mardi toute la journée et le jeudi matin. L’alternance stage-cours était très enrichissante, on apprend énormément sur le terrain quand on a la chance de tomber sur un tuteur impliqué et désireux de transmettre son savoir ! Je vous conseille de trouver un stage le plus tôt possible (le mieux étant durant sa L2) pour pouvoir construire votre emploi du temps avec des matières qui vous correspondent vraiment et non par défaut ! Durant ma L3 j’ai aussi fait un stage libre en recherche (50h) auprès d’une doctorante en psychologie.
Concernant mon TER (travail d’étude et de recherche), j’ai fait mes vœux en fonction des thématiques proposées par les responsables du Master que je visais. Ce choix a réellement joué en ma faveur lors de la sélection : le responsable du Master me connaissait déjà et avait une idée de la qualité de mon travail (j’ai eu 17 à mon TER). Au dernier semestre de licence, j’ai eu 16 de moyenne.
Est-ce que tu as d’autres expériences professionnelles ?
Mes expériences professionnelles ont aussi beaucoup joué dans la sélection. Depuis mes 17 ans, je travaille en séjours de vacances auprès d’enfants et adolescents tout venant, en situation ou en difficultés sociales (placés en maisons d’enfants à caractère social M.E.C.S, à l’aide sociale à l’enfance ASE, en famille d’accueil). En parallèle de mes études, j’ai évolué dans le domaine professionnel en passant d’animatrice à formatrice BAFA (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), directrice adjointe puis directrice de séjours. Lors des candidatures en Master, il est important d’argumenter ces expériences professionnelles : ce qu’elles nous ont apporté en termes de compétences et de connaissances. En quoi elles nous ont permis d’affiner notre projet professionnel, ce qu’elles peuvent nous apporter dans notre pratique future. Peu importe l’expérience professionnelle, il faut réussir à faire le lien avec les études de psychologie et votre projet professionnel. C’est ce qui fait souvent la différence entre plusieurs candidats !
Quel a été ton plan pour préparer ton dossier ?
Les notes ne font pas tout bien au contraire ! J’ai donc boosté au maximum mon dossier : expériences professionnelles, plusieurs stages en rapport avec mon projet professionnel et TER réalisé avec le responsable du Master que je visais. J’ai aussi choisi uniquement des matières en rapport avec le Master que je souhaitais intégrer. Dès janvier j’ai cherché un stage de Master, j’avais deux promesses de stage lors de mes candidatures et ça, ça fait vraiment la différence avec d’autres candidats ! Ça prouve que l’on sait où l’on va et que l’on se donne les moyens pour y arriver !
Mes conseils pour de futurs L3 : essayez de trouver un stage dans le domaine de votre Master, multipliez les demandes et de désespérez pas si vous n’avez pas de réponses dans l’immédiat. Je vous conseille de réaliser un stage libre en recherche dans votre fac, là encore ça montrera votre motivation et vous pourrez argumenter dans votre candidature le fait que vous êtes ou non intéressé par la recherche. Je vous conseille de faire votre maximum lors des partiels, mais les notes ne font pas tout alors concentrez-vous sur la cohérence de votre dossier et sur votre projet pro !
Dans combien de masters as-tu candidaté ?
J’ai candidaté dans tous les Masters de France dans le domaine qui m’intéressait : la psychologie du développement/la psychologie de l’éducation et de la formation. Je vous conseille de multiplier les candidatures partout en France mais uniquement dans le domaine qui vous intéresse, sinon votre démarche ne sera pas cohérente.
Comment as-tu géré la période d’attente des réponses ?
Je suis partie en voyage pour éviter de stresser inutilement et penser à autre chose le temps de quelques instants 😊
As-tu passé des entretiens ?
J’ai passé plusieurs entretiens physiques et un entretien skype. J’ai préparé une trame : présentation, pourquoi avoir choisi la psychologie, qu’est-ce qui a fait que je postule dans ce domaine (ce que m’ont apporté mes expériences pros + stage), ce que m’a apporté mon TER, mon projet professionnel et mon projet de recherche.
On m’a posé des questions bateau : « pourquoi ce Master et pas un autre ? », « quel est votre projet de recherche ? », « selon vous, quelles sont les missions d’un psychologue au sein d’une structure ? », « pourquoi vous prendre vous et pas un autre candidat ? », « qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans ce Master ? ». On m’a aussi posé quelques questions déstabilisantes : « Ça fait loin quand même, vous êtes prête à déménager ici ? Parce que vous savez ici il fait froid l’hiver », « est-ce que vous connaissez la cathédrale d’Amiens ? Je vous conseille vraiment d’y aller ».
Quelles réponses as-tu obtenues ?
J’ai d’abord obtenu des convocations aux entretiens. J’ai fait un premier tri des Masters qui m’intéressaient le plus et des opportunités à la sortie puis je me suis désistée de certains entretiens. Suite aux entretiens, je n’ai eu que des réponses positives.
En général les réponses sont données le soir même ou dans les deux jours suivants les entretiens, l’attente est donc supportable !
Ce qu’il faut savoir : d’après les retours que j’ai eus et ce que j’ai pu voir, les motifs de refus (avant et après entretiens) sont des motifs bateaux. Ils ne sont pas spécifiquement adressés aux personnes qui les reçoivent. Il est donc important, même si c’est dur, rabaissant, que cela fait mal, de prendre du recul sur la situation et de ne pas se dévaloriser.
D’une manière générale, comment toute cette sélection s’est passée pour toi sur le plan psychique ?
Je me suis sentie seule sur le plan personnel parce qu’une personne extérieure à cette sélection ne peut comprendre son enjeu et le stress qu’elle engendre au vu du peu de candidats admis en Master. Au sein de ma promo en revanche, je n’ai senti que de l’entraide et de la solidarité ! Nous sommes les seuls responsables de notre échec ou de notre réussite alors autant s’entre-aider !
Est-ce qu’il y a des choses que tu aurais bien aimé savoir avant la L3 voire même avant de démarrer tes études de psycho ?
J’aurai bien aimé savoir que la sélection est si compliquée et que très peu d’étudiants arriveront finalement en Master. La psychologie est malheureusement une filière « bouchée ». Même avec un Master en poche, certains se retrouveront sans travail…
Ce qu’il faut savoir c’est qu’une fois une L3 validée, il est impossible de la repasser pour espérer augmenter ses notes. Je conseille donc aux personnes ayant des notes moyennes de redoubler volontairement leur L3 pour se concentrer seulement sur quelques matières pour avoir les meilleures notes possibles. Un redoublement volontaire est perçu comme une preuve de maturité par les professeurs ! Certains étudiants, même après un service civique ou un DU à la suite de leur L3 ne sont pas sélectionnés pour « résultats insuffisants » or il est impossible de changer ses résultats ! Si vous n’êtes pas sûr de vos notes, redoublez !
Il faut savoir aussi qu’après une licence de psychologie, aucun « métier » n’est accessible. Il faut obligatoirement poursuivre en Master (psychologie, MEEF, etc) ou reprendre des études (orthophoniste, psychomotricien, éducateur, éducateur spécialisé). Très peu de passerelles existent, il faut parfois reprendre l’ensemble d’un cursus ! C’est quelque chose à savoir avant de se lancer dans des études de psychologie.
As-tu des conseils ou un mot de la fin pour les étudiants qui vont s’apprêter à passer cette sélection ?
Donnez votre maximum, soyez fier de vous et n’ayez aucun regret ! Ne vous laissez pas submerger par le stress et surtout, entraidez-vous ! Ce n’est pas parce que vous ne donnez pas vos cours à une personne que vous aurez plus de chance d’être pris en Master. Là encore c’est le dossier et la cohérence du projet de chacun qui déterminera qui ira en Master !
Que vous parveniez en Master ou non, les études de psychologie vous auront forcément apporté quelque chose, autant du point de vue personnel que du point de vue professionnel. Elles vous auront aussi certainement permis de rencontrer des superbes personnes, ne l’oubliez pas !
Super témoignage, merci à cette étudiante pour ces infos très complètes ! Elle résume presque tout ce qu’il a à savoir et à faire pour mettre toutes les chances de son côté.
Je rajouterai, spécifiquement concernant les masters de « psychologie du développement », qu’il faut bien se renseigner sur l' »orientation » des masters car le terme « psychologie du développement » peut recouvrir des choses bien différentes selon les universités. Il existe des masters de développement centrés uniquement sur les bébés/enfants/ados et d’autres qui incluent une partie sur le vieillissement par exemple. Certains sont très tournés éducation et formation (préparation au concours de psychologue de l’Education Nationale) alors que d’autres relèvent davantage de la clinique de l’enfant. Dans ce cas, il faut s’intéresser à l’orientation des enseignements (psychanalytique, cognitivo-comportementale, systémie etc…) car elle déterminera la manière d’appréhender les pathologies de l’enfant : trouble neuro-développemental, psychose infantile ? Enfin, certains masters sont aussi plutôt axés développement cognitif alors que d’autres privilégient le développement socio-émotionnel, certains sont très orientés vers la recherche et d’autres vers la clinique. Pour avoir toutes ces informations, informez-vous bien en amont (brochures des masters, laboratoires adossés, thèmes de recherche du labo et des enseignants, discuter avec des étudiants du master via Facebook par exemple…) !