Sélection Master psychologie : témoignage #02

Dans la série sur la sélection en master de psychologie, aujourd’hui, Eva nous raconte son parcours. Elle va intégrer le Master Psychopathologie de la Cognition et des Interactions de Nancy et c’est une fan des tableaux excel.

Je mangeais sélection, je dormais sélection, et je rêvais même sélection

Est-ce que tu peux te présenter et nous dire comment se sont passées ta licence 1 et licence 2 ?

Je m’appelle Eva, j’ai 21 ans, je suis étudiante en Psychologie à Nancy. J’ai fait un baccalauréat littéraire avant d’entrer en psychologie. J’ai réalisé ma licence à Nancy, et j’ai choisi de poursuivre ma formation en master dans cette même fac.

Ma L1 et ma L2 se sont vraiment super bien passées, aucun stress durant ces deux années. Malgré le fait que je viens de L, les matières scientifiques (bio, neuro, stats), sont les matières où j’ai obtenu les meilleures notes. Comique, n’est-ce pas ?

Est-ce que pendant ces années-là tu avais déjà en tête de préparer la sélection ? Est-ce que tu étais informée des procédures de sélection ?

Pendant la L1, nous avons entendu parler de la sélection une seule fois sur l’année entière. J’ai commencé à préparer la sélection à la fin de la L2. Du moins, je me suis penchée sur les différents masters proposés, notamment à Nancy, afin d’orienter au mieux mon projet de stage.
Nous avons été informés quant à la procédure de sélection seulement en L3 ; une réunion sur les masters a été organisée en décembre.

Grâce aux stages, j’ai su que le master de Nancy que j’ai choisi était fait pour moi, ils ont donc confirmé mon choix d’études.

Comment s’est passée ta L3 ?

C’était une année vraiment stressante, mais également ma meilleure année à la fac pour le moment, puisque j’ai pu voir mon évolution, et j’ai appris à avoir confiance en moi grâce à mes différents engagements au sein de la fac.

Au niveau des notes, ça s’est bien moins bien passé que les années précédentes (15-16 de moyenne en L1, 14-15 en L2, et 12-13 en L3). Avec les stages, j’ai loupé de nombreux cours et il a été difficile de les récupérer, j’ai donc obtenu des faibles notes dans les matières où je n’ai pas pu me rendre en cours.

Au niveau du travail d’études et de recherche TER (à Nancy on appelle ça TIPE, « Travaux d’Intérêt Personnel Encadré »), ça s’est hyper bien passé. C’était une revue de littérature à faire en groupe, avec une présentation à l’oral avec pour support un poster scientifique. Avec mon groupe, nous avons décidé de travailler sur les modifications cognitives et structurelles dues à l’utilisation des smartphones (note obtenue : 18,5/20).

Au niveau de l’ambiance : beaucoup d’entraide entre les étudiants, j’essayais de faire de mon mieux pour faire remonter les soucis rencontrés au sein de notre promotion en tant que représentante de ma promotion et de la licence, notamment en ce qui concerne la fraude durant les examens.

As-tu fait des stages ou avais-tu d’autres engagements pendant ta licence ?

Pendant notre L3, nous devions faire minimum un stage de 70 heures, mais nous pouvions faire plus d’heures ou d’autres stages. J’ai réalisé au total 3 stages, soit 230 heures au total. J’ai réalisé le premier au sein d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes EHPAD, et plus spécifiquement en accueil de jour, auprès d’une psychologue clinicienne et de deux aides-soignantes. J’ai réalisé les deux autres au Centre Psychothérapique de Nancy. L’un auprès d’un psychologue clinicien au sein du pôle de psychiatrie, en unité de soins libre et fermée. L’autre auprès d’un psychologue spécialisé en neuropsychologie, en service de consultation.
Ce furent des stages très intéressants et très enrichissants, qui ont permis de confirmer mon choix de projet professionnel.

Durant cette année de L3, j’étais également engagée au sein de la fac. J’étais dans un premier temps la présidente de l’Association LESPSY (Les Etudiants Solidaires en PSYchologie), ainsi que représentante de ma promotion de L3, et représentante de la licence de Psychologie de Nancy, et donc membre du conseil du département de psychologie.

J’ai réalisé en mai 2018, une formation aux échelles de Wechsler proposée par l’AFPAG, et depuis la L1 je me rends à de nombreuses conférences ayant lieu au sein de la fac.

Dans combien de masters as-tu candidaté ?

J’ai candidaté dans 13 masters au total :

• 2 masters clinique TCC (Lille, Strasbourg)
• 3 masters clinique intégrative (Nancy, Grenoble, Reims)
• 8 masters neuropsychologie/cognitive (Nice, Montpellier, Strasbourg, Grenoble, Reims, Aix-Marseille, Chambéry, Besançon)

Je les ai surtout choisis en fonction du programme et de l’adéquation de la formation avec mon projet professionnel, puis j’en ai éliminé certains en fonction du lieu d’études (Paris par exemple).

Mon conseil : vous pouvez commencer dès à présent à regarder les différents masters, à vous faire une liste de quels masters vous intéresseraient, sans forcément rentrer en profondeur dans le programme, seulement en fonction de l’orientation du master (du titre par exemple), du lieu, etc.
Vous pourrez regarder par la suite le programme et voir si il est en adéquation ou non avec votre projet professionnel (je vous conseille d’attendre la fin de vos stages, afin de bien définir votre projet pro).

Quel a été ton plan pour préparer ton dossier ?

Je m’organise souvent à l’aide de tableaux Excel. Voici celui que j’ai fait pour la sélection, pour être à jour dans quelles pièces manquaient, quand les candidatures fermeraient, etc.

Je n’ai pas vraiment eu de plan pour préparer mon dossier, puisque chaque dossier était différent d’une fac à l’autre. Certaines ne demandaient pas de projet de recherche, d’autres si. Certaines demandaient un résumé du TER et du rapport de stage, d’autres non. Pour certaines nous devions remplir une fiche synthèse (différente d’une fac à l’autre), pour d’autres non.

J’ai seulement préparé en avance mes pièces pour le master de Nancy, puisque j’avais pris rendez-vous avec le responsable du master pour demander des informations. J’ai donc pu, dès janvier, rédiger ma lettre de motivation, et me pencher en profondeur sur mon projet professionnel et me documenter sur mon projet de recherche.
Pour ce Master, j’avais également une promesse de stage, ou plutôt une poursuite de stage avec le psychologue spécialisé en neuropsychologie qui m’avait déjà eu en stage en L3 et qui souhaitait poursuivre le stage pour le M1.
Je pouvais également utiliser cette promesse de stage pour les masters de Reims et de Strasbourg, en ce qui concerne la neuro. Pour les autres masters, je n’avais pas de promesses de stage, seulement des pistes et des projets de stage.

En ce qui concerne les conseils pour les futurs L3, si vous le pouvez, faites un maximum de stage, afin de préparer au mieux votre projet professionnel. Je trouve que les stages de L3 ont pour but de vous aider à savoir avec quelle population vous aimeriez travailler, dans quel milieu, seul.e ou en équipe, …
N’hésitez pas à réaliser des stages dans différentes structures, auprès de différentes populations.
Les stages sont très riches et peuvent vous apporter de nombreuses choses.

Pour vos lettres de motivations et autres pièces, n’hésitez pas à les relire plusieurs fois et à les faire lire à votre entourage, voire à des étudiants en psycho qui ont passé la sélection.

As-tu passé des entretiens ?

J’ai passé 3 entretiens au total :
– Un en skype pour Aix-Marseille  
– Deux en présentiel, pour Nancy et Lille

Pour celui de Aix-Marseille, on avait une trame à suivre et un powerpoint à faire sur notre parcours universitaire et extra universitaire, notre projet professionnel et notre projet de recherche.
L’entretien s’est déroulé avec 3 membres du jury. Après ma présentation, ils m’ont demandé dans quels autres masters j’avais postulé, quelle procédure je souhaitais suivre pour mon projet de recherche.
En soit, l’entretien s’est bien déroulé, mais le fait d’avoir très peu de questions et de passer par Skype m’a donné un mauvais pressentiment. J’avais raison, j’ai reçu un refus peu de jours après

Pour l’entretien à Lille, c’était un jury de 6 personnes. Ils m’ont demandé de me présenter, j’ai donc repris le même schéma de présentation que pour Aix-Marseille.
On m’a ensuite posé des questions, notamment, comment faire si je n’ai pas le matériel adéquat pour mon projet de recherche, expliquer ce que j’avais vu en TCC à Nancy et qui nous avait fait cours. J’ai donc par la suite eu le droit à des questions théoriques en rapport avec le master TCC, comme par exemple citer les différentes distorsions cognitives.
Un membre du jury, vêtu d’un sarouel et pieds nus (les étudiants de Lille peuvent deviner de qui il s’agit, autant vous dire que ça m’a hyper perturbé), m’a demandé ce que je pensais des personnes en sarouel l’été, et si mon septum (piercing au nez) m’empêchait de ronfler la nuit, parce qu’il cherche une technique pour ne plus ronfler.
Pour résumer : je suis rentrée dans la salle en tremblant, très stressée, mais je suis ressortie très détendue et en rigolant. J’avais un bon présentiment.
Ils ont vraiment su me mettre à l’aise ! J’ai reçu par la suite une lettre d’admission

Pour celui de Nancy, chaque membre du jury s’est présenté (sauf une), puis je me suis présentée à mon tour (même trame que Aix-Marseille et Lille). J’ai ensuite eu le droit à des questions. Honnêtement, en sortant, j’ai vraiment cru que je ne serais pas acceptée dans ce master.
J’ai eu le droit à des questions très précises sur mon projet de recherche (alors que nous devions faire une ébauche de celui-ci), et d’autres questions vraiment très poussées, je ne savais pas du tout quoi répondre. Pour moi, c’est vraiment l’entretien qui s’est le plus mal passé, je me suis sentie très mal en sortant.  

Au niveau des conseils :
Soyez vous-mêmes. Je ne peux pas vous dire « ne stressez-pas », parce que j’ai moi-même stressé, et que ça ne se contrôle pas. Mais ayez confiance en vous, montrez qui vous êtes.

Comment as-tu géré la période d’attente des réponses ?

L’attente a été très très longue.
L’entretien pour Nancy avait lieu le 18 juillet (très tard, donc), et c’était mon premier vœu de master (pour info, les convocations pour Nancy ont été envoyées le 15 juillet).

Quelles réponses as-tu obtenues ?

J’ai obtenu 3 admissions (Nancy, Lille, Grenoble « Pratiques Thérapeutiques »).
À savoir que j’étais sur liste d’attente (35^ème) pour Grenoble, et qu’un beau matin, je me suis réveillée et j’ai découvert une fameuse lettre d’admission (ma toute première, imaginez ma joie).
A l’heure où j’écris (mi-août), je suis encore en liste d’attente pour Nice et Montpellier. Pour les 8 autres masters, j’ai reçu une belle lettre de refus.

Au niveau des motifs, j’ai été refusée pour « inadéquation du projet professionnel avec la formation », et « résultats insuffisants »

L’attente a été longue, j’ai eu reçu ma première admission (donc Grenoble) le 10 juillet !

D’une manière générale, comment toute cette sélection s’est passée pour toi sur le plan psychique ?

Cette sélection a été difficile pour moi, dans le sens où je ne pensais pas du tout qu’elle se déroulerait ainsi. En effet, je ne pensais pas que les facs sélectionnaient en fonction de la fac d’origine (visiblement la fac de Reims, orientée neuro/cognitive, n’est pas très copine avec la fac de Nancy, orientée psychanalyse, ce qui est très dommage pour les étudiants qui souhaitent s’inscrire dans un projet orienté neuro et non psycha). Je ne savais pas non plus que les facs favorisaient leurs étudiants, et prenaient seulement un étudiant venant de Nancy (Strasbourg par exemple).

Cette sélection a été blessante. J’ai beaucoup pleuré, en découvrant les motifs de refus, tels que « inadéquation avec la formation », alors que j’ai justement choisi ce master en fonction de son adéquation avec mon projet professionnel, ou encore « résultats insuffisants » quand on a 14,5 de moyenne de Licence et que leurs propres étudiants avec 10,2 de moyennes ont été admis. J’ai mis beaucoup de temps à me rendre compte que ces motifs étaient des motifs bateaux, qu’ils ne signifiaient rien, que les critères de sélection vont au-delà des notes. Mais ça, on ne nous le dit pas…
On m’avait toujours dit (profs, responsables de master, camarades de promo, amis) qu’avec mon dossier, je n’aurai aucun problème à être admise dans les masters pour lesquels je candidatais. J’ai tout de même reçu 8 refus sur 13.

Mon copain était là pour m’épauler. D’autres étudiants en psychologie qui me connaissaient (ou non d’ailleurs), ont tenté de me rassurer, ne comprenaient pas d’où venaient tous ces refus, mes camarades de promo et mes amis non plus.
À force de ne recevoir que des refus, je me suis posé la question : « que faire si je ne suis prise nulle part », et j’en ai alors parlé sur le groupe Facebook consacré à la sélection en master psycho.

Au niveau de ma promo, je n’ai pas remarqué beaucoup de compétition. Nous avons poursuivi cette entraide tout au long de l’année. Entre nous, tout allait bien.
Mais, certains profs nous ont bien mis la pression, à coups de « avec 12 de moyenne vous n’entrerez jamais en master » par exemple. Certains n’étaient pas du tout bienveillants, et de nombreux camarades ont abandonné en cours d’année, ont choisi de redoubler volontairement, voire de se réorienter.

Cette sélection était vraiment épuisante. Je mangeais sélection, je dormais sélection, et je rêvais même sélection (et oui, beaucoup de cauchemars)

Est-ce qu’il y a des choses que tu aurais bien aimé savoir avant la L3 voire même avant de démarrer tes études de psycho ?

J’aurai aimé qu’on nous dise au lycée, au moment de choisir nos vœux post-bac, que chaque fac avait une orientation différente en ce qui concerne la psychologie, afin que chacun puisse choisir une fac en fonction de son projet professionnel (encore faut-il avoir la chance de savoir aussi tôt ce qu’on le souhaite faire après une licence de psycho).
Personnellement, je suis allée à Nancy pour deux raisons : la fac la plus proche, (je viens de Meuse, on a pas de facs en Meuse, que des vaches), et aussi pour retrouver mon copain qui faisait ses études à Nancy également.
Je n’aurais jamais pu penser que l’orientation de la fac puisse avoir un impact sur la sélection en Master (d’ailleurs, on ne savait même pas au moment de sélectionner nos vœux, qu’il y avait une sélection pour la suite des études). Bref, on ne nous a jamais parlé de psycho dans mon lycée

J’aurai aimé que les profs nous parlent de la sélection avant la L3, de préférence dès la L1. Et pas seulement nous dire « il y aura une sélection », mais vraiment appuyer sur les critères de sélection, nous donner des conseils, nous encourager.

As-tu des conseils ou un mot de la fin pour les étudiants qui vont s’apprêter à passer cette sélection ?

Ayant confiance en vous, c’est très important.
Entourez-vous des bonnes personnes pendant cette sélection.
N’hésitez pas à rencontrer au préalable, si c’est faisable, les responsables des masters pour lesquels vous souhaitez candidater. N’hésitez pas à demander des conseils aux étudiants qui ont passé la sélection, à vos tuteurs de stage, à vos profs.

Donnez-vous à fond pendant cette 3^ème année, étudiez, lisez, partagez, mais vivez quand même (prenez du temps pour vous) ! Prenez soin de vous et de votre santé mentale dans un premier temps.
Rappelez-vous que les notes ne font pas tout. Qu’une personne ayant 16 de moyenne en Licence peut être refusée parce que son projet professionnel n’a pas été assez mûri, et qu’une personne ayant moins de 12 peut accéder aux masters parce que son projet sera clairement défini.
Montrez-vous motivés, osez demander !

Si jamais vous n’êtes pas sélectionnés, ce n’est pas grave. Ne restez pas bloqués sur un « échec », retentez votre chance l’année d’après, en complétant votre dossier avec des services civiques, des DU, des conférences, etc. Vous pouvez également vous orienter vers d’autres choses que la psycho.

Si vous voulez des informations sur les masters de Psychologie à Nancy, vous pouvez contacter l’Association LESPSY sur Facebook ou Twitter, nous nous ferons un plaisir de vous répondre ! 

Bon courage à tous pour l’année à venir et pour la sélection. Soyez fiers de qui vous êtes et de votre parcours !

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