Dans la série sur la sélection en master de psychologie, on continue aujourd’hui avec le témoignage d’une étudiante qui a décidé d’intégrer à la rentrée le Master de neuropsychologie de l’université d’Amiens, sa fac d’origine. Elle a accepté de nous raconter son parcours.
Il faut que le dossier soit cohérent, très général en L1 et puis en entonnoir
Est-ce que tu peux te présenter et nous dire comment se sont passées ta licence 1 et licence 2 ?
Je suis arrivée en psycho par hasard, j’étais en sciences de l’éducation et j’avais un cours de psychologie qui m’a vraiment vraiment plu, je me suis dit que quitte à faire une licence, autant faire quelque chose qui me plaît ! J’ai donc fait un transfert de dossier entre les deux licences (sciences de l’éducation et psychologie) entre le premier et le second semestre.
J’ai donc du passer mon semestre 1 au rattrapage. Je n’étais vraiment pas là dans l’objectif de faire un master au début, c’est venu progressivement. J’ai découvert la psycho et les différentes spécialisations au cours de la première et deuxième année et en fin de L2, j’ai fait des stages en neuropsychologie et développement pour être sûre de mon choix pour la L3 (nous avions une spécialisation). En fait je n’avais pas entendu parler de la sélection avant la moitié de ma L2 je dirai. J’ai eu mon DEUG avec 13,8 de moyenne et la certitude que je voulais devenir psy spécialisée en neuropsy.
Comment s’est passée ta L3 ?
Une année très longue et très stressante, des hauts et des bas, pas mal de moments de doute total en me demandant ce que je ferais si je n’avais rien. Je n’avais pas d’idée de ce que j’aimerais faire d’autre. Alors j’ai passé mon année à bosser mes cours et mon dossier. J’avais déjà réalisé deux stages pendant les grandes vacances entre L2/L3 (chose que je conseille car il faut vraiment consacrer son année à ses notes, autant commencer les stages avant !).
Au niveau des notes j’ai complètement explosé, j’avais validé mon DEUG à 13,8 de moyenne. Et là, j’ai validé mon semestre 5 à 15 de moyenne et le semestre 6 à 16,1 ! Autant dire que niveau notes, j’étais vraiment rassurée pour les sélections même si le doute ne nous quitte jamais et qu’il y a toujours meilleur que nous. La question était donc de bosser le côté professionnel.
J’ai passé ma semaine de vacances de février en stage. Je n’ai pas eu peur de me déplacer. Je n’ai fait aucun de mes stages dans ma ville d’origine car je me suis faite refuser de partout. J’ai donc cherché plus loin dans des coins perdus. L’un de mes stages était à 1h30 de route, donc 1h30 le matin et 1h30 le soir… Mon stage de février, je l’ai réalisé sur Paris. J’ai du prendre un airbnb pour 5 jours. Je sais que ce n’est pas possible pour tout le monde, mais ce sont mes économies qui sont passées dedans et ça montre aussi la détermination d’une personne. Quand ses stages sont éloignés les uns des autres, mine de rien, ça montre qu’on n’a pas peur de bouger pour acquérir de l’expérience.
Les vacances de printemps m’ont permis de rédiger mon TER. Ça a été très compliqué, il n’y a eu aucun suivi et deux semaines avant le rendu je ne savais toujours pas sur quoi j’allais le rédiger c’était horrible… J’ai trouvé le sujet dans un colloque 8 jours avant le rendu. Je n’ai plus fait que ça de mes journées à tel point que je suis dégoutée du sujet, mais ça valait le coup, j’ai eu 20/20.
Au niveau de l’ambiance, l’entraide était toujours au rendez-vous sans soucis. Quelques personnes nous étalaient leur dossier et CV pour nous faire peur et nous dégouter un peu. J’ai vu aussi beaucoup de monde se bercer d’illusions avec des ça va passer » alors qu’étant extérieure, je savais très bien que ça ne passerait pas. J’ai aussi vu des gens dire « moins une personne pour la sélection » quand quelqu’un se plantait salement ou autre.
Elle était tout de même partout cette sélection, dans nos discussions et nos profs nous en parlaient tout le temps ; donc un peu compliqué à gérer niveau pression. Personnellement, j’ai craqué plusieurs fois en me disant que je ne serais jamais prise ou que, quand je voyais le niveau des autres, c’était perdu d’avance.
As-tu fait des stages ou eu d’autres expériences pendant ta licence ?
Je n’avais aucun stage obligatoire à réaliser. J’ai tout réalisé par moi-même (et je l’ai bien précisé dans mon dossier de candidature !). J’ai donc réalisé :
- 1 semaine en développement
- 1 semaine en neuropsy adulte
- 1 semaine en neuropsy gériatrie
- 70h en recherche dans mon université, super intéressant.
J’ai travaillé en VA, c’est plutôt un bon plan vraiment. On rencontre des gens avec des pathologies sévères et on doit s’occuper d’eux dans la vie quotidienne, ça permet de les connaître un peu plus avec leurs difficultés. Et les voir en dehors du bureau du psy c’est super important. J’ai vu tout type de pathologies : schizophrénie, bipolaire, AVC, trauma crânien (TC), intoxication à l’alcool, accident de la voie publique… Tout ce que nous croisons en consultation finalement. C’est vraiment un bon plan pour le dossier.
J’ai fait beaucoup de conférences : Congrès national de neuropsychologie clinique (CNNC), hypnose, psychotrauma, EHPAD, journée du réseau TC-AVC… c’était super intéressant pour moi et mon dossier. Et si je peux donner un conseil, c’est à faire maintenant et pour deux raisons : les prix sont vraiment plus avantageux en tant qu’étudiant que professionnel ; en plus, j’ai rencontré deux de mes maîtres de stage lors de ces rassemblements.
Quel a été ton plan pour préparer ton dossier ? Quels conseils as-tu reçus ?
Les conseils que j’ai reçus c’étaient : faites des stages, ayez des bonnes notes. Ça paraît bête et méchant mais c’est ça. Dans les dossiers de candidature il y a des cases pour entrer sa moyenne par trimestre mais parfois les notes spécifiques (si on candidate dans un master de neuropsy, les notes de cognitive, neurosciences et neuropsy par exemple).
Je n’avais pas de promesse de stage pour le M1.
Dans combien de masters as-tu candidaté ?
J’ai candidaté dans 15 masters il me semble. Certains ne m’ont jamais répondu je crois, je me suis fait un tableau excel ou je les ai tous répertoriés pour pouvoir gérer les dates de candidatures sur internet et voir où j’en étais. J’en ai raté un ou deux auxquels je voulais candidater.
J’ai été convoqué à 8 oraux, je ne me suis présentée qu’à 4 d’entre eux et 3 m’ont admis en liste principale. En dossier sans oraux, j’ai été prise dans 2 masters.
As-tu passé des entretiens ?
J’en ai passé 4.
L’un s’est très mal passé, je suis arrivée en leur expliquant que, même si dans le dossier que j’avais rempli j’avais mis « Gérontologie » avant « Neuropsychologie », en discutant avec du monde j’avais compris que Géronto ne me donnerait pas le titre de neuropsy (et me bloquait donc une partie des postes que je convoite pour la suite). Le mec de l’entretien a été nul en passant 20 minutes à m’expliquer pourquoi il ne pouvait pas me prendre. Il réfléchissait à voix haute du genre « Est-ce que je vous mets tout en bas de la liste complémentaire histoire d’être sûr que vous ne passiez pas en liste principale ou est-ce que je vous refuse directement ? » Je ne veux pas que vous veniez chez nous donc je veux être sûr que vous ne ferez pas de recours. Que des trucs comme ça… j’ai eu bien du mal à ne pas m’enfuir.
Les autres entretiens se sont très bien passés. Jury hyper gentil, sourire aux lèvres, bienveillant pour nous rassurer (et ils ont raison !). C’était un véritable échange. Ils nous demandent de nous présenter. Il faut que le parcours ait un sens (les stages pourquoi on a réalisé dans telle ou telle structure, pourquoi on a pas choisi ceci et pas cela ?). Ensuite ils nous posent des questions sur un truc à éclaircir et il faut savoir ce qu’on dit. Exemple de l’entretien d’une copine : « j’ai fait un stage où l’anamnèse était mené en même temps que le premier entretien » « ah, et connaissez-vous la différence entre un premier entretien où l’on pose des questions au patient et l’anamnèse ? ». Des trucs comme ça, moi on m’a demandé la différence entre cognitive et neurosciences, parce que je viens d’une fac très neuropsy et que c’était un master de remédiation cognitive.
Quelles réponses as-tu obtenues ? Comment as-tu géré la période d’attente des réponses ?
J’ai passé l’entretien d’Amiens le jeudi vers 12h et j’ai eu la réponse comme quoi j’étais admise en liste principale le vendredi midi, alors je savais déjà que même si je n’avais pas d’autres choix, dans tous les cas j’avais un master pour l’an prochain.
J’ai obtenu liste principale dans 5 masters. Les motifs étaient bidons à Bordeaux « inadéquation du projet professionnel » je postulais pour un master de neuropsychologie en voulant devenir neuropsy….
Besançon a été cool sur son refus « bon dossier, mais nous en avons reçu des meilleurs ». Bah c’est vrai au moins c’est honnête. Et pour l’université où j’ai passé un très mauvais entretien ils ont mis que je n’avais pas postulé dans le bon master.
D’une manière générale, comment toute cette sélection s’est passée pour toi sur le plan psychique ?
Il n’y avait pas de compétition dans ma promotion, mais je me suis sentie assez seule ; mes proches ne comprenant pas et j’étais envahie par la pression.
As-tu des conseils ou un mot de la fin pour les étudiants qui vont s’apprêter à passer cette sélection ?
Il faut vraiment la préparer avec des stages, expériences professionnelles, bonnes notes et que le dossier soit cohérent, très général en L1 et puis en entonnoir dans les stages, le TER… pour arriver jusqu’à la spécialisation du master pour lequel on postule.