On poursuit les témoignages d’étudiants ayant passé la sélection en master de Psychologie. Aujourd’hui, Laura, qui vient juste d’être diplômée du Master de psychologie gérontologique de Paris Descartes nous raconte son parcours. Laura s’est ré-orientée après une première licence et elle a tout de suite fait les bons choix dès la L1 afin d’être prise dans le master qu’elle souhaitait.
Est-ce que tu peux te présenter et me dire comment se sont passées ta licence 1 et licence 2 ?
Pour me présenter rapidement, en 2014 j’ai été licenciée de droit et je me suis réorientée après ce diplôme en psychologie. J’ai effectué des recherches sur ce domaine et sur la sélection. Je suis allée vers Paris Descartes dans l’optique dès la L1 de rentrer dans le master de psychologie gérontologique.
En L1 et L2, j’avais l’avantage de connaitre le fonctionnement basique d’une fac. J’ai appris les particularités de Paris 5. J’ai trouvé que cette fac guidait plutôt bien les étudiants surtout en L1 (tuteurs étudiant, associations étudiantes actives etc.). Le changement entre lycée et l’université peut être hyper déroutant, surtout au niveau administratif, autonomie de travail et d’adaptation aux exigences qui varient plus vite qu’au lycée. Je n’ai pas eu ce souci en psycho car je l’avais acquis avant. Cependant c’était récurrent chez beaucoup de L1, peu cherchent les infos (disponibles) par manque d’habitude (on fait tout pour nous au lycée!). On parle également très peu au départ des stages et de la sélection et c’est une erreur de mon point de vue. En revanche, la solidarité étudiante a été un plus (très présente en psycho)
Ma L1 et L2 ont été pour ma part sans soucis. Dans ma fac peu d’enjeux ces deux premières années pour moi vu que les options vieillissement étaient plus tard (de même pour les stages). Je savais juste qu’il me fallait 12 minimum pour mon dossier final (correspondant à une mention assez bien).
Comment s’est passée ta L3 ?
Je suis une stressée de nature mais je pense que ça allait car j’avais un stage, qu’il faut chercher en L2 ! Et à des périodes précises pour les stages hospitaliers, et ça beaucoup ne le savent pas… et ne vont pas chercher l’info. La fac en parle beaucoup trop tard je trouve et c’est dommageable. Au niveau de l’ambiance la fac, on commençait à nous faire sentir que notre dossier devait être bon (réunions sur les masters avec plus ou moins de pression selon le prestige du master).
Mais c’est quoi bon? Beaucoup se focalisent sur les notes mais il y a d’autres critères et on ne connait pas les poids. Et là, premier soucis on ne sait pas vraiment ce que nos dossiers valent alors que c’est l’année de sélection.
J’ai misé sur plusieurs choses : mes notes (quasi mention bien à ma licence et aux matières comptant pour mon master), la cohérence de mon dossier (options en lien avec mon master, TER vieillissement et en prenant ces options je savais que les profs étaient les deux personnes principales du jury et elles connaîtraient ainsi ma tête, mes motivations), également le stage avec la population que je visais et une très bonne note de stage avec lettre de recommandation (qui compte de moins en moins car facile d’en avoir…).
As-tu fait des stages ou d’autres activités pendant ta licence ?
Un stage dans un hôpital réputé en géronto. Malheureusement ma fac n’autorise pas les stages complémentaires (j’en avais 3, je voulais en faire au moins 2 mais impossible….). C’est un point négatif de ma fac, car j’avais des camarades en master qui avait déjà plus de 4 stages à leur actif…et ça peut jouer dans la sélection ! Mon master n’était pas encore assez attractif pour que ça gêne ma candidature (qui sur les autres points dont j’ai parlé, était bonne), mais cela aurait pu jouer en ma défaveur dans d’autres masters…En parallèle j’ai assisté à des colloques, des courtes formations dans mon domaine (c’est toujours bien, d’avoir des choses à l’extérieur, surtout pour les masters très prisés, ça démarque).
Quel a été ton plan pour préparer ton dossier ?
Pour mon dossier, j’ai suivi « simplement » ce qui était demandé en termes de contenu en mettant en avant mes motivations à entrer dans ce master (lettre de motivation), et explicité mon projet professionnel (projet pro et d’étude). Mon projet de mémoire était sur le même thème qu’en L3 donc je connaissais déjà pas mal mon sujet.
Pour moi ce qui est important c’est d’avoir une cohérence d’ensemble, être homogène niveau notes et s’il y a des points « faibles » savoir les justifier et minimiser (ne pas les cacher ou les mettre trop en avant). Une relecture est aussi importante (2 personnes différentes). Mais une relecture (au-delà des fautes) avec quelqu’un qui osera te dire si ce que tu as écrit est clair, cohérent et l’impression que les pièces donnent (sur la lettre de motivation, le projet pro). J’ai eu l’occasion de faire des relectures, et parfois les lettres donnent une mauvaise impression alors qu’en discutant avec la personne, finalement, la motivation est là, mais mal exprimée. Les jurys n’auront qu’une lecture et ne vont pas chercher plus loin…
De mon point de vue, dès la L2 il faudrait penser au master, en tout cas un minimum savoir où on va (même si c’est pas encore hyper précis).
Dans combien de masters as-tu candidaté ?
Deux masters. Celui dans ma fac et j’avais également postulé à un master extérieur, en clinique (en gardant ma narration d’un intérêt pour le vieillissement). C’est risqué de ne faire que 2 vœux en général, je ne le conseille pas en clinique et neuro par exemple.
J’étais assez confiante d’être prise dans ma fac car ma stratégie avait été mise en place dès la L1 (notes, options, connaissances des profs, TERs, stage). La deuxième candidature était un backup « au cas où », car on n’est jamais sûr de rien !
As-tu passé des entretiens ?
Ma fac ne faisait pas d’entretien, mais ils commencent ! Je trouve ça bien les entretiens, c’est surement plus pertinent que le papier, mais tout dépend comment c’est mené… les retours sont parfois glaçant… Je dirais qu’il faut être soi-même et parler de sa motivation (même pour les stressés, parler de quelque chose qui nous passionne, ça vient plus aisément).
Comment as-tu géré la période d’attente des réponses ?
Entre ami(e)s ! On attendait un peu tous ensemble (la même promo), j’étais confiante pour une fois, mais bon le doute est toujours là et plus on attend pire c’est…
Quelles réponses as-tu obtenues ?
J’ai été sur liste complémentaire mais peu de temps (2-3 jours) sur mon « deuxième » vœu (fac extérieure). Donc pas vraiment d’attente, car j’étais focalisée sur le premier… dont la réponse tardait à venir. J’ai été admise directement pour géronto à mon grand soulagement.
D’une manière générale, comment toute cette sélection s’est passée pour toi sur le plan psychique ?
La sélection était stressante dans son ensemble car au-delà de mon cas personnel, je soutenais des camarades voire des gens que je ne connaissais pas car on sentait la détresse… (j’étais également soutenue, car je suis une personne anxieuse de manière générale, donc même avec mes chances, j’avais aussi besoin de temps en temps de soutien).
J’ai senti une bonne solidarité dans l’ensemble mais avec parfois des réactions…disons humaines, pas forcément ultra adaptées (que je comprends cependant) du type : rabaissement de l’accomplissement des autres : « c’est du hasard cette sélection », « ils prennent des gens moins bons que moi » ou à l’inverse, une sorte de sentiment de supériorité (en tout cas, en apparence) « si vous n’êtes pas pris, c’est que vous n’avez pas assez travaillé » , « ils n’ont pris que les meilleurs ».
C’est dommage de voir les choses comme ça, alors que énormément de facteurs entrent en compte… sa fac d’origine (les notes ne valent pas la même chose partout, les orientations entrent en compte), est-ce qu’on travaillait ? (Un 12/20 avec un travail ou sans n’est pas la même chose), a-t-on eu des problèmes personnels ? etc. Les profils ne peuvent pas être jugés que sur les notes, on l’oublie souvent.
Est-ce que tu as des regrets ?
Aucun, je pense avoir adopté la meilleure stratégie possible et je la conseille à ceux qui se réorientent comme moi, mais aussi aux L1. Ca demande un peu de recherche dès le départ, mais je trouve que ça facilite la suite, et ça rend légèrement moins stressant le processus car on sait qu’on a fait notre max, après ça ne relève plus de notre ressort…
As-tu des conseils ou un mot de la fin pour les étudiants qui vont s’apprêter à passer cette sélection ?
Etre cohérent, mettre en avant ses points forts, minimiser ses points faibles, se renseigner un maximum sur le master visé pour répondre à leurs attentes et ne pas abandonner si ça ne marche pas la première fois. Profiter de ce temps pour améliorer le dossier : bénévolat, service civique, travail en lien, DU etc.
N’hésite pas à ajouter des choses qui te paraissent importantes
Je pense qu’il est important de dire que la sélection en soi n’est pas une mauvaise chose, d’une part, tout le monde ne peut pas (ou parfois ne devrait pas…) être psychologue, c’est un premier filtre qui cependant est LOIN d’être parfait et c’est là-dessus qu’il faudrait travailler. Les critères : trop différents selon les facs, le poids des critères est inconnu et ils sont parfois flous. Ils devraient être uniformisés pour plus d’équité… On devrait nous parler de la sélection dès la L1 ! Sans forcément mettre la pression, juste informer un minimum pour que les étudiants puissent mettre en place leur stratégie… (même s’il faut chercher soi-même, ce n’est pas un automatisme pour tout le monde en sortant du lycée). De même discuter de l’insertion pro après… Autre soucis, les facs qui prennent seulement leurs propres étudiants… pas officiellement mais il suffit de voir la promotion…
La sélection est aussi là car il n’y a pas assez de poste de psychologue… on ne peut donc pas être 50 000 chaque année… Ceci étant dit, il faudrait par contre OUVRIR un certain nombre de postes, car il y a besoin de psychologues dans bien des domaines ! Je comprends tout à fait la détresse que ça peut engendrer de faire 3 ans, et d’être refusé (ça reste mieux que entre M1 et M2…), les colères sont la plupart du temps légitimes. Il faut les entendre et arrêter de proposer des fausses solutions (le droit à la poursuite d’étude, qui n’aboutit pas pour tous et pourtant proposé comme une solution miracle… deuxième désillusion pour certains). L’orientation scolaire est également à blâmer car au lycée on nous vend psychologie, droit, STAPS, médecine, écoles de commerces, sciences po et on ne sait rien du reste…Beaucoup se réorientent de psychologie dès la première année, je le constatais aussi en droit (et j’en ai fait partie, plus tard).
Il y a beaucoup de chose à revoir sur le processus de la sélection, et j’espère que les réflexions des étudiants feront bouger les choses.