Aujourd’hui, je vous propose le témoignage de Christine qui a repris des études de psychologie après la biologie. Elle intègre à la rentrée le Master Psychologie de la Formation et de l’Education à Lyon et elle recherche activement son stage depuis sa notification d’acceptation. Elle nous raconte son parcours et nous aide à relativiser.
« Je trouve que le cursus de psychologie n’est pas juste un apprentissage de notions, mais une expérimentation, une philosophie des relations humaines voire une philosophie de vie (je parle ici surtout de clinique), et la meilleure façon de réussir ses études en psycho c’est d’être vrai avec soi-même. »
Est-ce que tu peux te présenter et me dire comment se sont passées ta licence 1 et licence 2 ? Est-ce que pendant ces années-là tu avais déjà en tête de préparer la sélection ? Est-ce que tu étais informée des procédures de sélection ?
J’avais d’abord effectué des études de biologie : DUT génie biologique option génie de l’environnement, puis une L3 Sciences de la vie option écologie. J’ai ensuite fait une pause car je me suis sentie perdue suite à mes stages, réalisant qu’il ne s’agissait pas vraiment de MA vocation. J’ai donc fait un service civique en école primaire pendant une année scolaire, à la base je n’étais pas du tout intéressée par les enfants et là … REVELATION ! J’ai adoré le milieu scolaire, le contact avec mes collègues et surtout avec les enfants ! J’ai d’abord pensé à être institutrice mais j’ai compris que l’enseignement de masse ne me convenait pas. J’ai passé une bonne partie de l’année à être perdue, et à me questionner. J’ai même consulté une psychologue car lors de cette année j’ai fait face à quelques épreuves familiales. Ensuite j’ai enfin eu un déclic, qui m’a fait revenir aux aspirations que j’avais eues (puis refoulées suite à la pression parentale) au lycée : la psychologie. Plus particulièrement la zoothérapie. C’est un rêve qui me suit depuis mes premières lectures sur ce sujet au lycée, et c’est lui qui m’a donné le courage de retourner à l’université (lieu dont je ne raffole pas….)
Suite à mon service civique j’ai travaillé deux ans en tant qu’animatrice en écoles primaires et enseignante en soutien scolaire pour mûrir encore mon projet. Au bout d’un an, j’étais sûre de la psychologie, du coup j’ai repris les études en L2 de psychologie (grâce aux validations d’acquis) à distance, avec l’université de Rennes, ce qui m’a permis de continuer à travailler avec les enfants. Je pense que j’en avais besoin pour être confiante sur mon orientation et me donner à fond. J’avais déjà entendu parler de l’injustice de la sélection en psycho, donc je mettais déjà toutes les chances de mon côté en travaillant mes cours à fond pour obtenir les meilleurs résultats possibles.
Comment s’est passée ta L3 ?
La L3 a été difficile pour moi car elle a signé mon retour sur les bancs de l’université, après 3 années scolaires tranquilles loin de cette fourmilière impersonnelle et stressante. Difficile de quitter mon travail d’animatrice auprès des enfants et de ne faire que du soutien scolaire, de faire les trajets aller-retour car j’habite loin de la fac (par contre je ne regrette pas, car j’avais besoin de rester par chez moi pour assurer le soutien scolaire mais surtout pour avoir le soutien de mon conjoint et déconnecter de la fac et du stress de la ville), gros stress financier… Bref, je dirais une année où je n’ai fait que de courir et où j’ai dû me battre ! Au deuxième semestre le stage s’est rajouté, je le faisais le samedi donc je n’avais même plus de vrai week-end. Beaucoup de pression car j’étais obnubilée par la sélection et je me mettais énormément de pression pour obtenir les meilleurs résultats possibles. Je dirais que sans le soutien de mon conjoint, j’aurais tout abandonné au bout de quelques mois.
As-tu fait des stages pendant ta licence ou d’autres activités dans le but d’améliorer ton dossier de sélection ?
J’ai fait un stage dans un centre d’équithérapie (je souhaite devenir zoothérapeute donc opportunité incroyable pour moi). Niveau pro j’ai fait du soutien scolaire, par contre ce n’était pas que pour améliorer mon dossier mais surtout pour survivre financièrement ^^. Aucun bénévolat ni aucune conférence, car purement et simplement pas le temps !!
Quel a été ton plan pour préparer ton dossier ? Quels conseils as-tu reçus, suivis ? Avais-tu une promesse de stage pour le M1 ?
Pour préparer mon dossier, j’ai glané quelques conseils sur le groupe facebook de Sélection psycho L3/M1 mais ce groupe m’a rendue folle, à lire tout et son contraire, à lire que tout le monde postulait partout en France alors que moi je n’ai demandé que 2 masters dans la même université ! Du coup j’ai décidé de faire à mon idée. J’avais commencé les dossiers dès février car je connaissais le format du dossier de la vague de sélection précédente. Ce qui fait qu’au moment de postuler, je n’avais qu’à relire et actualiser.
Je n’ai obtenu aucune promesse de stage pour le M1 mais j’avais des contacts réguliers avec un psychologue, chose que j’ai mentionnée dans mon dossier de candidature. J’y ai aussi mentionné le fait que j’allais travailler en EHPAD au mois d’août et j’y ai valorisé l’idée que je m’ouvrais à d’autres publics que les enfants pour ma recherche de stage.
As-tu des conseils pour les futurs L3 qui préparent leur dossier ?
Aux futurs L3 : même si c’est difficile, ne pas se focaliser sur les infos qui circulent sur les réseaux sociaux, c’est vraiment psychotique tout ce qu’on peut y lire et son contraire ! Faire à son idée et surtout être franc dans sa lettre de motivation. Ne pas hésiter à mentionner nos faiblesses que l’on souhaite améliorer. Et surtout avoir un projet professionnel en béton. En tout cas pour ma part je l’ai vraiment bien explicité, j’ai expliqué toute ma démarche de A à Z (en très grossier : je veux faire psycho parce que/depuis que ……, je veux devenir psychologue spécialisé.e en ….. et ce désir me vient de ….., je sais que je dois améliorer …… pour cela votre master me correspond parfaitement)
Dans combien de masters as-tu candidaté ? Comment les as-tu choisis ? Avais-tu une stratégie ?
J’ai postulé dans 2 masters de la même université. Je les ai choisis car en fait j’hésitais énormément entre ces 2 intitulés ! A la base je n’en avais qu’un seul en projet, et grâce au contact avec les professeurs au cours de ma L3, je me suis ouverte au master PEF. Ma seule stratégie est de devenir zoothérapeute, et pour cela il me faut le titre de psychologue. Etant intéressée par la psychologie clinique et ayant découvert un vif intérêt pour la psychologie du développement, ces 2 masters se sont imposés à moi comme une évidence ! Je me suis même sentie inconfortable car j’étais incapable d’en choisir un (si j’avais eu la chance d’avoir le choix entre les 2).
As-tu passé des entretiens ?
Je n’ai passé aucun entretien et j’avoue en être bien contente ! Je souhaite bon courage aux futurs L3 qui en passeront.
Comment as-tu géré la période d’attente des réponses ?
Très mal ! J’ai reçu un premier refus pour le master clinique, qui m’a presque fait plonger dans le désespoir, je n’y croyais plus pour le master de développement. J’ai tourné en boucle, je me suis sentie très nulle et désespérée, j’ai tenté d’analyser mon échec, mais j’ai tout de suite cherché des plans B : j’ai préparé ma candidature pour être AVS et en même temps je me suis renseignée sur les formations en sophrologie. Tous les papiers étaient prêts, je n’avais plus qu’à les envoyer si je recevais un second refus.
Quelles réponses as-tu obtenues ? Si tu as eu des refus, quels ont été les motifs et as-tu été supris.e ?
J’ai été refusée au master clinique puis acceptée au master de psycho du développement. J’ai eu pour cause de refus que mon dossier « ne laisse pas entrevoir les compétences requises pour ce master ». J’avoue qu’avec mes 15.5 de moyenne à l’année et mon stage en équithérapie, j’ai eu beaucoup de mal à encaisser ce refus ! En fait je n’ai clairement pas compris. Mais je l’ai accepté en me disant qu’il n’y avait pas de hasard et que quelque chose d’autre me correspondrait mieux. En étant acceptée au master PEF, que j’avais repéré grâce à mes interactions avec les professeurs tout au long de l’année, j’ai ressenti un peu comme un soulagement, comme si je m’étais sentie soulagée d’un poids (ne pas avoir à choisir entre les 2 masters moi-même), car ils sont différents mais chacun propose une approche qui me passionne.
D’une manière générale, comment toute cette sélection s’est passée pour toi sur le plan psychique ?
La sélection met nos nerfs à rude épreuve !!! D’autant plus que pour ma part, contrairement à mes amies, je n’ai demandé que 2 masters dans une seule et même fac ! Je me suis sentie soutenue, j’ai eu la chance que ma famille et ma belle-famille fassent rempart autour de moi et me poussent à garder espoir, ils ont eux-mêmes très mal vécu mon premier refus, je dirais même presque un déni. Je ne soulignerai jamais assez le rôle de mon conjoint qui y a cru pour nous 2 jusqu’au bout. Par rapport à mes collègues de promo, en fait j’ai gardé contact avec seulement 4 personnes ! Mais je les estime beaucoup, et j’ai toujours été soulagée quand j’ai appris qu’elles étaient sélectionnées même quand j’ai eu mon premier refus, car on était toutes les quatre bosseuses et on savait ce qu’on voulait, du coup je n’aurais pas compris qu’elles soient refusées !!
Par contre je n’y ai réellement cru que quand j’ai pu faire mon inscription administrative. On a l’impression que c’est le graal d’obtenir un master, et ça nos amis d’autres formations ne le comprennent pas forcément, ils te disent « bah c’est normal t’as eu des bonnes notes », ils ne savent pas à quel point la sélection peut être injuste en psycho, j’ai vu des témoignages qui m’ont fait beaucoup de peine. C’est un aspect difficile je dirais, quand on veut partager cette expérience avec des étudiants d’autres filières (sauf pour les étudiants en droit, pour qui il me semble que c’est malheureusement un peu le même fonctionnement).
Est-ce que tu as des regrets ?
Je n’ai aucun regret car j’ai construit mon chemin et appris à me connaître grâce à mes détours en biologie. Par contre, pour les bacheliers tout jeunes qui entrent en psycho, je leur conseille de bien être au clair sur leurs projets dès le début, et surtout d’être au clair sur eux-mêmes. Le cursus de psychologie est en soi tout un cheminement pour apprendre à se connaître soi-même, pour s’ouvrir à l’autre, pour se distancer du scientisme et accepter que chacun peut avoir un point de vue différent sur la même situation. Les qualités requises en psycho me paraissent être un long processus de maturation, et même avec mes années de plus je me rends compte que j’ai encore énormément à construire au cours des deux prochaines années de formation.
As-tu des conseils ou un mot de la fin pour les étudiants qui vont s’apprêter à passer cette sélection ?
Je leur souhaite avant tout de s’épanouir dans le cursus de psychologie, de travailler à fond car soyons francs, des super notes sont toujours un plus pour être sélectionnés (même si ça ne garantit rien). Je leur conseille d’apprendre à se connaître soi-même avant tout et de se faire des expériences pros (ou bénévolat s’ils peuvent se passer de travailler pour tenir la route financièrement) auprès de différents publics, et de cultiver leur tolérance et leur ouverture d’esprit dès à présent.
Je rajouterai qu’il n’y a pas de cursus parfait, soyez francs dans votre candidature et n’hésitez pas à revenir sur vos détours, sur vos hésitations … Je trouve que le cursus de psychologie n’est pas juste un apprentissage de notions, mais une expérimentation, une philosophie des relations humaines voire une philosophie de vie (je parle ici surtout de clinique), et la meilleure façon de réussir ses études en psycho c’est d’être vrai avec soi-même. J’aurais été incapable de suivre ce cursus en sortie de bac. Je rajouterais également que suivre une psychothérapie en parallèle de ces études semble très profitable, voire nécessaire dans le cas de problématiques personnelles qui risquent d’entraver notre pratique plus tard.
Je dirais également qu’il ne faut pas s’enfermer dans ces études et au contraire, avoir des loisirs quand c’est possible ! Privilégiez le sport, les sorties et la détente autant que possible.