Suite de mes lectures de l’été, avec cet essai de Krishnamurti de 125 pages écrit avec une police taille 18. Je vais tout de suite vous dire la vérité, j’ai lu en diagonale la deuxième moitié du livre. Ce n’est pas par manque d’intérêt mais à cause de quelques redondances et par manque de temps. Néanmoins, j’ai trouvé cette lecture très inspirante (cf. le nombre de citations dans ce billet), mais pas simple à synthétiser.
Repéré sur une plage
Adolescent, Krishnamurti croise sur une plage privée d’Inde, où était employé son père, un membre éminent de la Société théosophique, le prêtre anglais Charles Leadbeater. « Clairvoyant », il perçoit en lui une aura exceptionnelle et le futur « Instructeur du monde ». Le voici propulsé « Messie » à l’âge de 14 ans. Il est donc envoyé à Londres être éduqué afin d’accomplir son destin exceptionnel.
Cependant, Krishnamurti prend progressivement son indépendance par rapport à la Société théosophique. Par la suite, sa pensée sera même très virulente à l’égard de tout dogme, religion, gourou ou autorité. Il prône la liberté. Et sa vision de l’éducation est aussi tout entière tournée vers la liberté.
Lutter contre l’idéal
Pour Krishnamurti le seul moyen éducatif est la compréhension de l’autre. Un vrai enseignant est capable de voir l’enfant tel qu’il est, et non pas tel qu’il aimerait qu’il soit. Il n’a pas d’attentes envers ses élèves. L’éducation ne devrait pas être tournée vers le futur, l’atteinte d’un idéal. « Les parents qui désirent réellement comprendre leur enfant ne le regardent pas à travers l’écran d’un idéal. S’ils l’aiment, ils l’observent, ils étudient ses tendances, son caractère, ses particularités. Seuls les parents qui n’aiment pas leur enfant lui imposent un idéal, car c’est alors leur ambition qu’ils s’efforcent de satisfaire en lui, voulant qu’il devienne ceci ou cela ».
L’éducation doit aider l’individu à mûrir librement, à s’épanoui en amour et en humanité. C’est à cela que nous devrions nous occuper et non pas à façonner l’enfant conformément à un modèle idéal.
L’intelligence est la capacité de percevoir l’essentiel, le « ce qui est ». Éveiller cette capacité en soi-même et chez les autres, c’est cela l’éducation.
Lutter contre la technique
Pour Krishnamurti, le but de l’éducation devrait être d’intégrer les différentes entités séparées de l’individu. Or l’éducation est essentiellement technique; un dressage, où le savoir et l’efficience priment. Ce qui ne génère que conflit et confusion chez les individus, car seule une partie du moi fait l’objet de cette attention.
Aussi, l’école, en tant qu’institution, cherche à former des techniciens efficients et obéissants. « Des êtres vraiment humains deviennent dangereux pour les Etats et les religions organisées ».
Krishnamurti refuse la formation académique des enseignants. Pour lui, cela n’a aucun sens, car aucune des qualités nécessaire au bon enseignant ne sont apprises sur les bancs des universités. Notamment, un enseignant doit être libre afin de ne pas transmettre son conditionnement à l’enfant. Libre dans ses croyances et libéré de ses peurs.
Le seul outil de l’éducation : l’amour
Pour Krishnamurti, seul l’amour permet l’intégration des différentes parties de l’individu. C’est la seule façon de voir « ce qui est » et d’accompagner l’enfant dans ce qu’il est. Par amour, il faut comprendre une affection réciproque et un mutuel respect.
Aussi, et cela va sans dire, toute autorité est à abolir dans la relation avec l’enfant. Car l’autorité, l’exigence du respect envers le maître, l’obéissance empêchent le vrai amour.
D’après Wikipédia, plusieurs écoles Krishnamurti ont vu le jour dans les années 60 et 70 en Amérique du Nord et en Inde. Sa philosophie rejoint beaucoup les pensées d’Alexander Neill et Carl Rogers.